10 trucs pratiques pour optimiser les apprentissages lors des jeux à l’extérieur

16/08/2017 09:51:57

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À la maison et dans les milieux éducatifs comme à l’école, les jeux des enfants se sont sédentarisés et cloisonnés entre quatre murs au détriment du jeu extérieur (Demers, 2012). Pourtant, les espaces de jeux extérieurs, que ce soit la cour ou le parc, sont des milieux stimulants nécessaires au développement global des enfants et ils offrent un « apprentissage différent de celui que procurent les activités intérieures » (ministère de la Famille et de l’Enfance [MFE], 2003, p. 10). La saison estivale est une période idéale pour renverser la tendance à la sédentarité et encourager les enfants à sortir jouer dehors. Je propose dix trucs pour accroitre les apprentissages des enfants durant les périodes de jeux extérieurs en contexte de services de garde éducatifs et de maternelles.

 

  • Favoriser le jeu actif

Le jeu actif réfère au mouvement du corps, à l’action de bouger physiquement (ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur [MEES], 2017). Les activités intérieures impliquent souvent des règles strictes qui limitent les pulsions de mouvements des enfants (MFE, 2003). L’environnement extérieur est plus libérateur pour les enfants, car ceux-ci ont un vaste espace pour évacuer leur énergie et répondre à leur besoin de bouger en sautant, en grimpant, en creusant ou en courant (ministère de la Famille [MF], 2017). Encourager les enfants à lancer des ballons ou à enjamber des obstacles favorise un jeu actif. En réussissant ces défis moteurs, ils renforcent leur estime personnelle tout en apprenant à avoir confiance en leurs capacités physiques (Bigras, Lemay Cadoret, & Jacques, 2012).

 

  • Encourager le jeu libre

Laisser l’enfant initier son propre jeu selon ses intérêts favorise ses apprentissages et influence son développement (ministère de la Famille et des Ainés [MFA], 2007). Le jeu libre permet à l’enfant d’apprendre sur le plaisir d’agir, c’est-à-dire d’entreprendre des mouvements qu’il aime (Cadoret, Blanchet, & Bouchard, 2008). L’enfant bouge davantage lorsqu’il est en jeu libre à l’extérieur (MEES, 2017). De plus, c’est à travers sa propre initiative de jeu que l’enfant apprend à se connaitre, à construire sa pensée et sa compréhension du monde (MEES, 2017). Le jeu libre stimule la créativité et l’imagination de l’enfant (MFA, 2007).

 

  • Soutenir l’enfant dans le jeu

Le jeu libre actif exige de l’accompagnement de la part de l’adulte (MEES, 2017). Pour cela, l’adulte observe d’abord l’enfant dans son jeu afin de connaitre son stade de développement global. Il analyse et interprète ensuite ses observations en vue d’intervenir en fonction de la zone proximale de développement de l’enfant (Cloutier, 2012). Mieux connaitre l’enfant est essentiel pour proposer des défis qui respectent ses intérêts lors des jeux extérieurs et qui permettent d’actualiser la construction de son savoir tout en soutenant son développement en devenir (Cloutier, 2012).

  • Encourager la prise de risque

La prise de risque dans les jeux pousse l’enfant à se dépasser et à relever des défis (Sandseter, 2012). L’enfant apprend à connaitre ses forces et ses limites, à se faire confiance et à développer ses capacités motrices (MEES, 2017). L’adulte encourage la prise de risque en observant l’enfant, en l’appuyant dans ses expérimentations et en intervenant au besoin (Sandseter, 2012). C’est à travers des jeux où l’enfant est amené à sauter, à grimper, à se cacher ou à glisser qu’il prend des risques et qu’il découvre ses comportements d’autoprotection nécessaires pour prévenir les dangers (MEES, 2017).

  • Participer activement aux jeux de l’enfant

En s’immisçant de façon naturelle dans le jeu de l’enfant, l’adulte peut l’aider dans son exploration et dans son acquisition de connaissances (MFA, 2007). L’enfant éprouve du plaisir à jouer avec ses pairs, mais aussi lorsque l’adulte s’implique dans son jeu (Cadoret et al., 2008). L’adulte peut aussi encourager l’enfant à écouter les différents points de vue des autres enfants pour régler un conflit (Hohmann, Weikart, Bourgon, & Proulx, 2007). L’enfant apprend ainsi à vivre en communauté et à respecter les autres. De plus, en participant au jeu, l’adulte peut proposer de nouvelles idées pour relancer l’activité et favoriser un apprentissage plus soutenu (MFA, 2007).

 

  • Montrer l’exemple

L’enfant est un grand imitateur, il a besoin de modèles positifs à suivre. Le meilleur moyen pour s’assurer que l’enfant est actif durant les jeux extérieurs est de lui montrer l’exemple (Ferland, 2012). L’intégration d’activités extérieures à son mode de vie influence sa perception, alors si l’adulte apprécie une activité extérieure, il lui sera plus facile de la valoriser et de communiquer son enthousiasme à l’enfant (Ferland, 2012). Ainsi, le petit aura davantage tendance à développer un intérêt pour les jeux extérieurs, ce qui favorisera son apprentissage (MFA, 2007).

 

  • Aménager les lieux

L’aménagement des lieux doit être adapté au stade de développement de l’enfant afin de faciliter l’exploration et les défis moteurs (MFA, 2007). Il est conseillé de fractionner les aires de jeux en vue de stimuler différentes habiletés motrices. Par exemple, pour stimuler l’équilibre, on propose à l’enfant de marcher sur des poutres et, pour optimiser la coordination, l’enfant peut grimper sur différentes surfaces (MF, 2017). Par ailleurs, diversifier les contextes d’une activité est profitable pour l’enfant, car celui-ci a plus de chances d’améliorer ses capacités motrices s’il se pratique dans différentes conditions, comme sauter à la corde ou sauter d’un obstacle à l’autre (Cadoret et al., 2008).

 

  • Créer un contact avec la nature

L’enfant est exposé à plusieurs stimulus sensoriels qui font de l’extérieur un milieu d’apprentissage irremplaçable et unique. En effet, les différentes textures du sol, les dénivellations des surfaces, les insectes, la douceur des fleurs, les odeurs ou les chants des oiseaux, notamment, procurent des occasions idéales pour développer les sens de l’enfant (MFA, 2002). Celui-ci découvre en même temps l’environnement naturel dans lequel il évolue et apprend à respecter toutes formes de vie (Ferland, 2012). Le jeu extérieur permet ainsi à l’enfant de vivre des expériences sensorielles variées nécessaires à son développement (Hohmann et al., 2007). L’adulte peut aussi partager ses connaissances sur la nature pour stimuler la curiosité de l’enfant.

 

  • Utiliser du matériel varié et stimulant

Pour enrichir les apprentissages de l’enfant, le matériel doit être diversifié, rejoindre ses intérêts et l’inciter à bouger (MFE, 2003). Un libre accès au matériel permet à l’enfant d’avoir un contrôle sur son environnement et de vivre des expériences multiples (MFA, 2017). L’enfant explore moins activement l’environnement lorsqu’il est en contact avec des équipements fixes (Dowda et al., 2009). Il est donc préférable de combiner les modules avec du matériel mobile qui encourage l’enfant à bouger, comme des ballons ou des cerceaux (MFA, 2017).

 

  • Sortir dehors plusieurs fois par jour

 L’enfant a une préférence pour les jeux à intensité élevée, mais de courte durée, comme courir (MEES, 2017). Il est recommandé de répondre aux besoins de se mouvoir en proposant plusieurs périodes de jeu actif à l’extérieur au courant de la journée, indépendamment de la saison (MFA, 2017). Aussi, la capacité de concentration de l’enfant est limitée, les apprentissages peuvent donc diminuer s’il poursuit une activité prolongée où l’intensité et la stimulation varient peu (MEES, 2017).

Un contact avec le monde extérieur dès la petite enfance est un héritage pour l’adulte en devenir. Alors, il ne faut surtout pas hésiter à partager le plaisir de jouer dehors tous les jours, et ce, même sous la pluie!

 

 

Références

Bigras, N., Lemay, L., Cadoret G., & Jacques, M. (2012). Le développement moteur des enfants qui fréquentent les services de garde. Dans N. Bigras & L. Lemay (Éds), Petite enfance, services de garde éducatifs et développement de l’enfant. États des connaissances (pp. 289-376). Québec : Presses de l’Université du Québec.

Cadoret, G., Blanchet, M., & Bouchard, C. (2008). Le développement psychomoteur de 3 à 5 ans. Dans C. Bouchard (Éd.), Le développement global de l’enfant de 0 à 5 ans en contextes éducatifs (pp. 231-264). Ste-Foy : Presses de l’Université du Québec.

Cloutier, S. (2012) L’étayage : agir comme guide pour soutenir l’autonomie. Pour un enfant à son plein potentiel. Ste-Foy : Presses de l’Université du Québec.

Demers, M. (2012). Le jeu libre à l’extérieur comme élément indispensable au développement des jeunes. Québec en forme, 9. http://www.quebecenforme.org/media/103601/09_faits_saillants_de_la_recherche.pdf

Dowda, M., Brown, W. H., McIver, K. L., Pfeiffer, K. A., O’Neill, J. R., Addy, C. L., & Pate, R. R. (2009). Policies and characteristics of the preschool environment and physical activity of young children. Pediatrics, 123(2), 261–266.

Ferland, F. (2012). Viens jouer dehors! Pour le plaisir et la santé. Montréal : CHU Sainte-Justine.

Hohmann, M., Weikart, D, P., Bourgon, L., Proulx, M. (2007). Partager le plaisir d’apprendre. Guide d’intervention éducative au préscolaire (2e éd.). Montréal : Gaëtan Morin éditeur.

Ministère de la Famille et des ainés (MFA). (2007). Accueillir la petite enfance : Le programme éducatif des services de garde du Québec. Québec : Direction des relations publiques et des communications, MFA.

Ministère de la Famille et de l’Enfance (MFE) (2003). Allons jouer dehors. Activités extérieures et aménagement d’une aire de jeu. Québec : Gouvernement du Québec.

Ministère de la Famille (MF) (2017). Gazelle et Potiron, cadre de référence pour créer des environnements favorables à la saine alimentation, au jeu actif et au développement moteur en services de garde éducatifs à l’enfance. Québec : Gouvernement du Québec.

Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES). (2017). À nous de jouer! Jeu actif et jeu libre pour le développement de l’enfant. Québec : Gouvernement du Québec.

Sandseter, E. B. H. (2012). Restrictive safety or unsafe freedom? Norwegian ECEC practitioners’ perceptions and practices concerning children’s risky play. Child Care in Practice, 18(1), 83-101.

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