Comment favoriser l’organisation scolaire chez un jeune

04/04/2018 15:08:02

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Un bureau qui déborde, un sac à dos incomplet, l’oubli d’un travail à rendre ou d’une date d’examen, un livre entier à lire pour le lendemain... Certains élèves sont incapables, malgré les rappels, les conséquences et les menaces, de gérer le flot continu des demandes scolaires.

Pour assurer une meilleure organisation scolaire, notamment chez un élève de 11 ans et plus, on suggère de revoir, en tout premier lieu, l’intérieur du sac d’école. Habituellement, les parents ont cru bon de délaisser cette vérification en croyant, à tort, que leur jeune est rendu à l’âge de développer son autonomie, donc de gérer seul son sac d’école. D’autres encore n’y ont tout simplement plus accès puisque leur adolescent s’oppose à l’inspection.

La plupart du temps, le premier mois scolaire se déroule assez bien. C’est souvent durant les mois qui suivent que la situation se détériore. La désorganisation s’installe puis s’aggrave. Une intervention guidée avec un pédagogue est alors nécessaire. Est-ce que le fait de faire cette intervention auprès de l’élève fait entorse à son cheminement vers l’autonomie? Au contraire!

Prenons par exemple un élève ayant un TDA/H. Il est démontré que ce trouble est lié à une immaturité neurodéveloppementale. L’élève qui présente un TDA/H a donc souvent besoin d’avoir un modèle à plus de reprises que les autres (Lussier, 2011). Le modèle demande aussi d’être expliqué et détaillé, bref de faire l’objet d’un enseignement explicite. Si on laisse l’élève faire seule la tâche, il y a de fortes chances qu’il la fasse gauchement.

 

Le coffre à crayons

Lorsque l’intervenant regarde le contenu du sac d’école, il peut d’abord vérifier le coffre à crayons. Déjà, à cette étape, un « ménage » mérite souvent d’être fait (crayon cassé ou mal taillé, stylo épuisé, marqueur sans bouchon, efface réduite en petits morceaux inutilisables, bouts de papier, correcteurs liquides en surabondance, etc.). À cette étape, l’intervenant peut aider l’élève à alléger au maximum le coffre en y retirant les éléments superflus. Les élèves les plus désorganisés sont quelquefois les plus réfractaires. Ils s’opposent en affirmant qu’ils s’y retrouvent très bien, que c’est leur manière de fonctionner et que si l’on tente d’y remettre de l’ordre, ils seront encore plus désorganisés. Le pédagogue gagne alors à faire preuve d’humour et de respect envers le jeune, mais aussi à réexpliquer les raisons de l’intervention, à savoir les oublis, les pertes, les retards, etc.

Une fois cette étape d’une dizaine de minutes franchie, on peut s’attaquer à l’intérieur du sac. Feuilles volantes, cahiers à anneaux qui débordent, vêtements, restes de diner : on en trouve des choses dans le sac d’école! Il est judicieux d’amorcer le tri des feuilles en termes de matières, de dates, d’importance, etc. Certains élèves sont si confus qu’ils ne savent même pas reconnaitre à quel cours se rattachent les feuilles volantes. Ils ont besoin d’aide pour tous les détails. Si nécessaire, on peut aussi donner un modèle pour montrer la manière de trouer les feuilles dans le bon sens.

On termine la séance en déterminant avec l’élève une date précise à noter à l’agenda où il devra remettre les feuilles triées (trouées, rassemblées et identifiées pour chaque matière) dans les cahiers à anneaux respectifs. On l’invite également à se munir d’un porte-document (accordéon) où il y déposera dorénavant les feuilles qu’il n’aura pas eu le temps de classer afin d’éviter le plus possible de les retrouver chiffonnées dans le fond du sac d’école. Pour les séances qui suivront, une simple vérification rapide et constante pourra être faite en quelques minutes.

 

L’agenda et les notes de cours

La prise de notes peut être enseignée à partir de la tenue des notes de cours dans la matière la plus faible (p. ex., placer les titres bien centrés, faire les sous-titres soulignés, prendre des notes aérées, utiliser des symboles d’abréviation, etc.). On peut par la suite élargir l’intervention en transposant cette façon de faire aux autres matières. On peut aussi accompagner l’élève dans la tenue adéquate de son agenda (conventionnel ou agenda cellulaire) en lui enseignant comment noter les matières et les devoirs, en lui expliquant d’encadrer toujours dans une même couleur les évaluations et d’indiquer leur pourcentage, d’inscrire les plages de récupération, de biffer ce qui est fait, etc. Petit à petit, il apprendra!

Avant que l’élève s’approprie cette démarche d’organisation, il faut souvent prévoir une année, voire deux. Surtout, il ne faut pas abandonner le suivi après quelques séances.

 

En conclusion

Pour conclure, la rééducation d’un élève qui a des difficultés d’organisation peut être aussi exigeante que la rééducation de n’importe quel autre élève qui a un trouble. Aux yeux des parents, elle peut sembler plus abstraite, car l’on n’enseigne pas une matière ou des connaissances proprement scolaires, on enseigne plutôt un savoir-faire scolaire…

Lorsque les élèves sont en cours d’apprentissage, une telle intervention pédagogique peut s’avérer tout à fait indispensable. Elle ne corrige pas complètement les difficultés, mais elle conscientise l’élève sur son « pouvoir » d’apprenant et permet certainement une utilisation plus efficiente de ses capacités. Cette porte d’entrée peut le conduire vers une meilleure connaissance et maitrise de soi, sur la base d’une plus grande métacognition. C’est déjà un grand pas.

 

Références

Caron, A. (2006, 10 novembre). Continuum de relation à la tâche, inspiré du modèle de Vygosky. Communication présentée lors du Symposium sur l’attention et les fonctions exécutives : Les défis du traitement et de la rééducation, organisé par le Centre d’évaluation neuropsychologique et d’orientation pédagogique (CÉNOP), Montréal, QC.

Gagné, P.-P, Leblanc, N., & Rousseau, A. (2009). Apprendre… une question de stratégies. Québec : Édition Chenelière.

Lussier, F. (2011). 100 idées pour mieux gérer les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/h) et pour aider les enseignants, les parents et les enfants. Paris : Éditions Tom Pousse.

Stanké, B. (2015). Une aide technologique pour écrire plus et mieux. Québec. École branchée.

Wodon, I. (2013). Déficit de lattention et de lhyperactivité chez lenfant et ladolescent : Comprendre et soigner le TDAH. Liège : Mardaga.

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